Le processus de deuil est un cheminement normal de l'être humain suite à un traumatisme important, comme la mort, la perte d'un proche, la perte de son travail, de sa relation amoureuse, ...
La perte d'un proche peut être un traumatisme très violent. L'être aimé a disparu et la vie ne sera plus jamais comme avant.
Cependant le cerveau humain s'est forgé des mécanismes de reconstruction qui nous permettent, peu à peu, un retour à la vie normale.
Ces mécanismes ont été étudiés et formalisés en 1969 par la psychiatre Elisabeth Kübler-Ross dans son livre On Death and Dying (ici en version électronique). Elle a étudié 200 patients qui venaient d'apprendre qu'il étaient atteint d'une maladie mortelle, et elle a suivi et formalisé les différentes étapes par lesquels ils sont passés et comment ils ont fini petit à petit à l'accepter
Le modèle a ensuite été généralisé comme un "fonctionnement général" de reconstruction du cerveau humain en réponse à des évènements traumatisants comme la perte d'un proche, un licenciement ou une rupture amoureuse par exemple.
C'est pour cette raison que les mauvaises nouvelles, quelles qu'elles soient, sont généralement "préannoncées", afin que le cerveau humain commence son travail de deuil de façon moins brutale que si la mauvaise nouvelle avait été annoncée d'un coup sans préparation.
La façon de vivre chacune des étapes du deuil est propre à chacun, en fonction de sa personnalité, de son vécu, de la situation... Ces étapes représentent un schéma général qui sera différent pour chacun, dans sa manifestation, son cheminement ou sa durée.
Par exemple, ces différentes étapes peuvent être vécues dans un ordre différent, ou dans un ordre non linéaire avec des retours arrières éventuels.
Cette phase consiste à refuser, de façon consciente ou inconsciente, d'admettre la réalité qui vient d'être annoncée.
La personne peut sembler absente ou perdue dans ses pensées, déconnectée de la réalité présente.
Cette phase est généralement courte mais intense.
Parmi les deux cent patients mourants que nous avons interviewé, ils réagissaient de façon similaire avec cette phrase, “Non, pas moi, ce n’est pas possible”. Elisabeth Kübler-Ross
Une fois que la réalité de la situation n'est plus contestable vient la phase de colère. La personne peut éprouver un sentiment de colère ou d'injustice envers elle-même ou envers les autres, comme l'équipe soignante par exemple.
Si une personne que vous connaissez vient de subir un deuil, il est important de connaître cette phase pour ne pas vous étonner ou pour ne pas prendre personnellement un changement de comportement violent de la part de cette personne.
Lorsque le déni n’est plus possible, il est remplacé par un sentiment de colère, de rage et de ressentiments chez les patients. Elisabeth Kübler-Ross
Il s'agit d'une phase plus spirituelle ou la personne va tenter de trouver des alternatives pour faire revenir la personne, comme par exemple en se tournant vers dieu ou un pouvoir supérieur.
Cette phase est liée à la constatation de son impuissance, mais l'espoir d'un retour arrière est encore présent. Il s'agit essentiellement d'une phase d'illusion.
Lors de nos interviews sans audience, nous avons été surpris du nombres de patients ayant promis de “dédier leur vie à Dieu” ou “au service de l’Église” en échange de plus de temps. Elisabeth Kübler-Ross
Lors de cette phase commence l'acceptation de la situation. La personne se rend compte que c'est inévitable, qu'aucun retour arrière n'est possible et qu'aucun pouvoir supérieur n'y pourra rien. La personne plonge donc dans une grande tristesse, voire dépression.
Cette phase est généralement la plus longue, et il peut y avoir des retours arrière vers le marchandage ou la colère. Elle peut paraître interminable tant les émotions peuvent paraître insurmontables.
Il est important de rester proche et en soutient aux personnes qui se trouvent dans cette phase car elles ont tendance à s'isoler et à se couper du monde, parfois fortement.
Le patient en phase terminale ne peut plus nier sa condition. Il doit faire face à davantage d’examens et d’hospitalisation. Lorsqu’il observe de plus en plus de symptômes ou devient de plus en plus faible et maigre, il ne peut plus en rire. Elisabeth Kübler-Ross
Il s'agit de la dernière étape du processus de deuil. La personne accepte la situation, s'y résigne et commence à se reconstruire vers une vie normale.
La personne commence à retrouver son énergie et à sortir de son isolement. La vie se réorganise sans la personne perdue.
Si le patient a eu assez de temps et a été accompagné lors de ses précédentes phases, il atteint la dernière étape du deuil. Lors de laquelle il n’est ni déprimé ni énervé à propos de son “destin”. Elisabeth Kübler-Ross
Si le deuil est trop violent et que vous avez du mal à l'affronter, ne restez pas seul. Il existe de nombreuses associations qui peuvent vous venir en aide gratuitement. Voici la liste des associations de soutien psychologique face à un deuil.
Il existe également une littérature importante sur le sujet qui pourrait vous aider :
Vivre le deuil au jour le jour, Dr Christophe Fauré, 2018
Comment guérir un cœur en deuil, Doreen Virtue, 2019
Sortir du deuil, Anne Ancelin Schützenberger, 2008