Chaque communauté religieuse a ses propres rites lors d’un enterrement. Les chrétiens orthodoxes, qui sont environ 200 000 en France, organisés en différentes Églises selon leurs origines (roumaine, grecque, russe, arabe, serbe ou encore géorgienne), ont un rituel bien établi. Il est important que les pompes funèbres respectent ces rites lors de l’enterrement orthodoxe.
Les Églises orthodoxes placent la résurrection au cœur de leur message. Les personnes touchées par le décès d’un proche sont quant à elles invitées à concevoir la mort comme un repos, un sommeil. Dans l’Apocalypse selon Saint-Jean, le paradis est présenté comme un jardin de l’esprit enveloppé par la présence de Dieu.
La mort peut suivre deux voies :
l’agonie, quand l’esprit ne réussit pas à quitter son enveloppe charnelle
la dormition, lorsque le mourant est prêt et s’endort en ayant été préparé
Avant de pouvoir être accueillies dans ce Paradis, les âmes doivent cheminer après la mort afin de se dépouiller de toute impureté. Au cours de ce chemin, elles peuvent être amenées à traverser des états infernaux, l’enfer n’étant pas vu comme un état purement définitif.
Cette ascension vers Dieu se poursuit pendant quarante jours. Plusieurs hommages sont alors rendus au défunt : le troisième jour, celui des obsèques, le neuvième jour, le quarantième et enfin, chaque jour anniversaire de la mort, qu’on appelle la « Pannychide ».
La Pannychide est une prière destinée à aider le défunt dans son voyage. Elle n’est pas uniquement utilisée aux enterrements, on la retrouve également lors du Grand Carême et au moment de la Pentecôte.
Le corps, tout comme l’âme, est concerné par le salut apporté par le Christ. Tous deux sont donc également respectables.
La crémation est donc historiquement mal acceptée. Elle constitue une rupture de la continuité entre le corps mortel et le corps glorieux de la résurrection. Il est important que le corps soit inhumé afin de renaître quand viendra l’heure de la Résurrection, à l’instar d’un grain de blé jeté dans la terre pour qu’il y germe.
Cependant, la crémation s’est répandue sous l’ère soviétique, moyen de lutter contre le poids de la religion.
Aujourd’hui cette pratique représente plus de 60% des funérailles, solution au manque de place dans les cimetières et au coût élevé des cérémonies.
Aucune toilette spéciale n’est prévue pour le défunt, sauf si celui-ci est membre du clergé. Néanmoins, l’Église n’est nullement opposée aux soins de thanatopraxie. Elle refuse cependant l’autopsie, sauf lorsque celle-ci est rendue obligatoire par la loi, ainsi que le prélèvement d’organes, pour ne pas porter atteinte à l’intégré de l’enveloppe corporelle.
Elle se montre en outre particulièrement réservée quant au don du corps à la science.
La mise en bière par les pompes funèbres se fait en présence du pope. Celui-ci encense le corps du défunt et l’asperge d’eau bénite. Il demande à Dieu de pardonner au défunt ses fautes. Il bénit le défunt avec sa croix, embrasse celle-ci puis la présente à la vénération de l’assistance. Les personnes qui assistent à la cérémonie adressent alors à la personne décédée un ultime baiser.
La veillée funéraire, si elle n’est pas une obligation, est généralement pratiquée.
L’enterrement doit avoir lieu au minimum trois jours après la mort, laps de temps nécessaire pour que l’âme se sépare du corps. Durant ces trois jours, le cercueil doit rester ouvert. Sur une table doit être déposé du riz ou du blé, ainsi que du raisin et un peu de miel.
Entre les mains du défunt est installée son icône, tournée face à lui. Son front est ceint d’un bandeau sur lequel est retranscrit une prière.
Le cercueil est, si la loi le permet, transporté ouvert à l’Église. En France, cela étant interdit, une croix orthodoxe est placée sur le cercueil.
A l’Église, le cercueil doit être placé de façon à ce que le défunt ait son visage tourné vers le Christ. Le drap qui le recouvre, couleur or et non pas noir, est surmonté du livre des Evangiles et d’une icône représentant la résurrection du Christ. D’autre part, après le décès, les bras du défunt doivent avoir été croisés sur sa poitrine. Trois chandeliers sont placés au pied ainsi que de chaque côté du cercueil.
Les membres de l’assistance reçoivent des cierges qu’ils allument chacun leur tour à la flamme de l’un de ceux qui entourent le cercueil. Ce geste signifie que le défunt est transféré dans la lumière céleste. Quant au cercueil lui-même, il est souvent décoré d’une simple croix, sans aucune représentation du Christ. Chez les Russes est privilégiée la croix slave à trois branches.
Durant toute la cérémonie, se succèdent prières et chants, qui parlent à la fois de la faiblesse humaine et de la promesse d’une résurrection. Les premières prières adressées sont les prières initiales communes à tous les offices ; elles sont suivies de chants et prières spécifiques. Le parfum de l’encens se répand dans l’Église.
Le cercueil reste ouvert durant toute cette séquence, traduction de la présence surnaturelle du défunt auprès de ses proches et amis. Les fleurs et les bougies ont une grande importance durant la cérémonie : elles font référence à l’illumination et à l’éclosion de l’âme dans le monde spirituel.
Après la cérémonie, le cercueil peut être refermé, bien que dans les pays d’usage orthodoxe, il reste ouvert jusqu’à l’inhumation elle-même, afin que les proches puissent y déposer des fleurs quand ils sont au cimetière.
Le prêtre accompagne les fidèles au cimetière, pour un dernier moment de recueillement et de prières. Le défunt est toujours inhumé face à l’Orient, là où le Christ doit réapparaître à la fin des temps. La famille dépose une poignée de terre sur le cercueil. Les fleurs sont quant à elles rares dans le cercueil.
Le prêtre, qui se place dans l’allée, présente alors la croix à l’assistance afin qu’elle l’embrasse. La sépulture est ornée d’une croix et, en général, d’une icône. Est également placé sur le monument, ou sous cette icône, un réceptacle pour une lampe à huile.